Accoucher sans eau – c'est la réalité
Les centres de santé dans l’est du Tchad sont rares. Et beaucoup d’entre eux manquent de l’équipement le plus basique – comme l’eau. Ce que cela signifie pour les mères, les bébés et les sages-femmes, le sait Ahmat Malick, médecin et coordinateur de programme de notre organisation partenaire sur place.
Ahmat, tu accompagnes le travail dans 14 centres de santé dans l’est du Tchad. Qu’a-tu constaté lorsqu’il n’y a pas d’eau disponible – en plein accouchement ?
C’est une lourde épreuve. Pour les sages-femmes, mais surtout pour les femmes elles-mêmes. Sans eau propre, nous ne pouvons pas nous laver les mains, nettoyer les surfaces, ni garantir l’hygiène. Cela augmente le risque d’infections – pour la mère comme pour l’enfant. Les proches doivent souvent apporter de l’eau ou aller la chercher très loin. Parfois, on utilise même de l’eau de pluie, alors qu’elle est totalement insalubre. Tout cela prend du temps – et dans l’accouchement, le temps peut faire la différence entre la vie et la mort.
Combien des 14 centres de santé que vous soutenez ont accès à l’eau ?
Neuf de ces centres disposent désormais d’eau courante. Huit d’entre eux ont été équipés d’une source d’eau grâce à notre projet.
Vous avez récemment construit de nouvelles infrastructures à Marfa et à Abougoudam. Qu’est-ce que cela a changé ?
Beaucoup. À Marfa, la station d’eau a été achevée récemment. À Abougoudam, nous avons agrandi la maternité, y compris l’installation d’un système d’approvisionnement en eau. Il est maintenant possible d’y accompagner trois à quatre accouchements en même temps – dans des conditions hygiéniques et sûres. Ce type d’investissement fait une énorme différence.

Ahmat Ousmane Malick, Médecin et Coordinateur de programme de BASE, dans son bureau.
«Sans eau propre, nous ne pouvons pas nous laver les mains, nettoyer les surfaces, ni garantir l’hygiène. Cela augmente le risque d’infections – pour la mère comme pour l’enfant.»
Ahmat Malick, Médecin et Coordinateur de programme de BASE
Mais ces points d’eau ne sont pas uniquement destinés aux centres de santé, n’est-ce pas ?
Non. La population en profite également – surtout dans les zones reculées, c’est une aide considérable. Pour de nombreuses familles, cela signifie : ne plus avoir à acheter de l’eau, ni à marcher pendant des heures. Elles économisent de l’argent et gagnent du temps.
Depuis la guerre au Soudan, l’est du Tchad est devenu un refuge pour de nombreuses personnes. Que signifie cet afflux pour l’approvisionnement en eau ?
Cela représente un grand défi. La population de notre région a presque doublé – passant d’un à deux millions de personnes. Les points d’eau existants ne suffisent plus – et les personnes déplacées ont autant besoin d’eau que la population locale.
Et pour la suite ?
La détresse est grande. C’est pourquoi nous poursuivons notre travail dans l’est du Tchad, afin de continuer à soutenir le système de santé local de la manière la plus efficace possible. L’eau n’est pas une question secondaire. Elle constitue la base pour des naissances sûres, des familles en bonne santé – et pour la dignité en temps difficiles.

La sage-femme Zara Daoud lors d'un examen prénatal. L'eau est alors essentielle pour garantir l'hygiène.
Image de couverture: De l’eau aussi pour la population : des enfants à un point d’eau construit par nos partenaires à Hougouné. Photo: Salomon Djekorgee Dainyoo/WHI/Fairpicture
Photos de l'article: Salomon Djekorgee Dainyoo/WHI/Fairpicture
Plus d'info sur le projet au Tchad
En collaboration avec la population locale, nous renforçons les infrastructures de santé autour de la grossesse et de l’accouchement, contribuant ainsi à ce que le plus grand nombre possible de femmes enceintes puissent accoucher en toute sécurité.
Pour plus d’informations, cliquez ici: Des communautés résilientes grâce à des femmes fortes.
Notre organisation partenaire
Le Bureau d'Appui Santé et Environnement est une ONG tchadienne qui œuvre pour de meilleures conditions de vie.