Du besoin à l'idée de projet – et non l'inverse

"Les besoins sanitaires de la population n'ont pas de limite de temps. Cependant, de nombreuses organisations internationales arrivent dans le pays avec un budget-temps fixe et des idées relativement strictes sur les activités possibles. Elles ont une marge de manœuvre étroite, notamment en raison des directives des bailleurs de fonds gouvernementaux et institutionnels. Mais lorsqu'on travaille avec des communautés locales, il faut pouvoir s'adapter avec souplesse au contexte et gagner la confiance de la population. Cela prend du temps. C'est pourquoi j'apprécie beaucoup le travail avec Women's Hope International. Il est unique en son genre au Tchad.

Contrairement à d'autres projets, BASE et Women's Hope partent toujours des besoins de la population et développent ensemble des solutions. Ce n'est qu'ainsi que nous convainquons les bailleurs de fonds. Au Tchad, le système de santé est décentralisé, la population joue donc un rôle important dans l'organisation et le maintien de son propre système de santé local. Nous avons par exemple construit plusieurs maternités en collaboration avec les communautés. Les hommes ont ramassé le sable et le gravier; les femmes ont cuisiné pour la main-d'oeuvre. Nous n'avons donc pas contruit pour la population locale, mais avec elle. Les communautés sont fières de ce qu'elles ont construit!

"Le travail de Women's Hope International est unique en son genre au Tchad". Dahab Manoufi, directeur de l'organisation partenaire BASE

Un point particulièrement important : grâce au bon ancrage social de notre travail, les femmes font beaucoup plus confiance à l'offre médicale qu'auparavant. Elles se rendent donc plus souvent dans un centre de santé pendant la grossesse ou l'accouchement. Cela permet de détecter les complications le plus tôt possible.

En de bonnes mains : Sage-femme à la maternité de Rimélé au Tchad.

Ce qui est également précieux pour nous, c'est que Women's Hope est prête à s'engager dans un partenariat fiable avec nous pendant des années. Car on ne gagne pas la confiance et l'acceptation de la population en deux ans. Pour nous, Women's Hope n'est pas simplement un bailleur de fonds. Nous nous sommes plutôt associés et avons mis en commun nos connaissances pour voir comment nous pouvions soutenir au mieux la population dans ses besoins.

Récemment, nous avons fait évaluer notre travail de projet par un expert externe. Ce qui m'a particulièrement impressionné : L'expert a dit que toute la population du district sanitaire d'Abougoudam, dans lequel nous sommes actifs, connaissait le projet en détail. Les collaborateurs sur place feraient en outre un très bon travail, avec beaucoup d'engagement. Et ce n'est pas parce qu'une organisation internationale le leur impose, mais par conviction. Cela montre qu'avec notre travail, nous sommes arrivés au cœur de la société et que nous pouvons la changer de l'intérieur. Si les gens commencent à s'intéresser à l'offre médicale et à s'organiser, nous aurons beaucoup gagné non seulement dans le système de santé, mais aussi dans d'autres domaines, par exemple au niveau de l'éducation."

Image de couverture: Maison natale à Rimélé ; Photo : Salomon Djekorgee Dainyoo/WHI/Fairpicture
Image dans l'article : Zara Daoud, sage-femme du centre de santé de Rimelé (à droite) et la patiente Fatimé Malik lors de l'examen de grossesse (à gauche) ; Photo : Salomon Djekorgee Dainyoo/WHI/Fairpicture